(Manifeste signé par l’ensemble du bureau de Faisons l’Europe)
Depuis 2006, l’échec du référendum sur la constitution, l’idée européenne recule en France, pays pourtant cofondateur de la CEE. Cette tendance qui était alors exceptionnelle en Europe tend à se généraliser du fait des effets politiques et économiques de la crise sans précédent que traverse l’Europe depuis sept décennies.
Si l’on peut déplorer que cette situation ait permis aux mouvements dit « populiste » de ressurgir, elle a eu au moins le mérite de faire apparaître au grand jour les contradictions que portaient l’Union Européenne du fait d’une recherche de consensus permanent qui a fini par faire perdre de la substance et de la cohérence au projet.
Suite à l’étude (non représentative) menée en 2013 par FLE, en partenariat avec UT1 et aux échanges empiriques que nous avons eu hors de la population des « amis inconditionnels de l’UE », nous nous sommes aperçus que la situation de l’opinion à l’égard du fait européen était plus contrasté que le flux médiatique ne le laisse entrevoir avec sa tendance naturelle au manichéisme qui permet à chaque camp de dresser la liste de ses saints et démons.
En effet une analyse plus fine des remarques montrait que si l’UE est jugée peu démocratique et non protectrice, par une frange de plus en plus large de l’opinion, du fait de ses orientations politiques et de l’incompréhension que soulève son mode de fonctionnement. En revanche, les valeurs que porte le projet ainsi que la vision de l’Europe en tant qu’espace d’échanges, demeuraient attractives, du moins chez ceux qui vivent l’Europe, sans pour autant que ces derniers soient prêts à militer pour l’UE.
Fort de ce constat que différents sondages, non défaitistes confirment, il nous est apparu, essentiel de remettre le métier sur l’ouvrage. Après 2006 où il convenait de redonner une audience à ceux qui parlaient positivement de l’UE, 8 ans plus tard, après un autre échec celui des élections de 2014, il convient de donner à l’Europe une image positive, constructive auprès de ses citoyens.
Les débats stériles entre pro et anti européens ont conduit à une impasse totale, chacun se réfugiant dans ses dénis pour disqualifier le camp d’en face.
La construction européenne ne peut pas reposer que sur des supporters inconditionnels, bien au contraire. L’Europe, comme tout grand projet collectif, ne peut que s’abimer dans le déni car à chaque fois ce sont des armes offertes à ceux qui combattent par a priori le projet européen.
Aussi le projet européen ne peut être un dogme, il doit être fondé sur la raison, il doit tenir compte du présent et être une projection vers l’avenir. Nous devons faire vivre et grandir l’Europe. Nous sommes plus de 500 millions de vrais citoyens européens, cela est un fait.
L’idée européenne a besoin que l’on démontre sa vitalité et sa capacité constructrice. Elle doit être modernisée dans le sens d’une plus grande démocratie et d’une lucidité plus grande à l’égard d’une part de la diversité de ses membres et d’autre part du monde qui l’entoure constitué de grands ensembles économiques agressifs.
Si le projet européen est le garant de la paix des armes sur le sol de l’UE il ne peut se construire sans être conscient de la guerre économique qui l’entoure et sans solutionner les disparités sources de déséquilibre en interne (dumping social et fiscal notamment et prioritairement).
FLE veut enclencher, avec ses moyens et son audience pourtant très modeste depuis plusieurs années, une démarche qui veut promouvoir un projet que nous chérissons tous mais dont nous ne souhaitons plus être les exégètes et les courroies d’information, mais les acteurs d’une mobilisation incluant les protagonistes de l’Europe vivante, solidaire, ouverte, aimant les différences en ne cherchant ni à les nier ni à les sublimer jusqu’à l’absurde.
L’Europe n’est plus un rêve mais une réalité, notre rôle n’est pas d’honorer les icones, mais de veiller aux côtés de ceux qui portent des valeurs identiques aux nôtres, pour faire de l’Europe un espace de vie conforme aux valeurs qu’elle porte, solidaire, prospère et surtout démocratique.
Si nous avons peur de nos voisins ce n’est pas un traité, une monnaie unique et quelques subventions pourtant utiles qui viendront au secours du sentiment européen préalable à la construction européenne.
L’UE telle qu’elle est a montré ses limites qui sont aujourd’hui tellement visibles qu’un nombre croissant de citoyens les pointent du doigt.
L’Europe de demain est à construire sur la base de ses valeurs historiques mais avec une ambition nouvelle, celle de ne plus évoquer les valeurs, mais de les mettre en pratique.
Aussi avant même de réhabiliter l’UE, il est indispensable de redonner sens à la construction européenne auprès de ces citoyens avant que ces derniers ne s’en détournent plus encore.
En conséquence il faut rendre légitime l’Europe auprès des citoyens, avant même de songer à réhabiliter l’UE.
Les peuples européens ne sont pas les ennemis de l’Europe mais sa substance.